jeudi 7 juillet 2011

Exposition à la PPGM (ou presque) du 8 au 21 mai 2011 - Gravures monotypes




 

 



Moi je suis un monolithe, je refuse de courir…
Les autres peuvent bien parcourir le monde, dévitaliser leur âme et ramper aux pieds des boutiques… Aujourd’hui la rébellion s’exprime par le fait de rester stable; Bartleby l’avait bien compris dans le roman de Melville, le stylite Saint Siméon avant lui… Il suffit de dire à ce monde qui bouge de laisser les avions cloués au sol plus souvent, de fermer plus souvent les magasins et les stations d’essence, de travailler moins et de boycotter plus un nombre incalculable de produits pour produire une révolution.
L’art devrait être l’incarnation d’une posture, l’affirmation d’une position en réaction contre notre société, refléter une autre manière de vivre, proposer un autre modèle ; sans cette prétention intellectuelle il n’est qu’un produit parmi les autres, un générateur d’objets pour consommateurs fortunés. L’esthétique du jouet dans l’art contemporain, la tendance manga et tout ce qui épouse la mode permet certes de faire briller Versailles… Mais où est la magie, le mystère, l’ensorcellement de l’art ?
Serait-ce le système qui dicterait les lois de l’esthétique ?

Je suis sur la corde raide, la fragilité de mes créations se régale de ce manque de certitude, de cette recherche empirique jamais rassasiée, toujours en décalage…
J’ai tué l’image, trouvé la beauté, banni le kitsch pour revenir à une certaine sobriété poétique.
J’ai supprimé la représentation mais pas la noblesse du sujet; mes créations sont une ode à la lenteur, à un métier perdu : celui de copiste.
Ces morceaux de textes noués au fil rouge constituent une ligne interminable, cette ligne crée une forme, qui souvent se rapproche de l’enveloppe corporelle, parfois du monolithe. Peut-on lier les deux?
J’ai dépassé le second degré, si rassurant, je me suis réfugiée dans le premier, dans l’authenticité et le jusqu’auboutisme d’une démarche pour retrouver l’aura perdue de nos racines intestines. Mes sculptures sont devenues des stèles, des textes réincarnés ; les corps ont été bandés, emmaillotés, sauvés par cette écriture ?