dimanche 20 novembre 2011

Exposition collective "Dentelle de papier" dans la collection permanente de la Cité Internationale de la Dentelle et de la Mode à Calais.

Sculptures visibles jusqu'au 30 septembre 2012

 

Second Testament : la victoire de la trace

Matériaux : papier - une partie de l'Ancien Testament recopié à la main - fil noir, scotch

vendredi 8 juillet 2011

Exposition personnelle au musée La Piscine de Roubaix du 2 juillet au 4 septembre 2011 - Ariane et la ligne monolithe - Commissariat de l'exposition assuré par Sylvette Botella-Gaudichon, en lien avec la PPGM (ou presque).







Exposition personnelle à la Plus Petite Galerie du Monde (ou presque) à Roubaix (galerie de Luc Hossepied) du 8 au 21 mai 2011

Photographie couleur du carton avec la sculpture Momie-moi avec cent trente-deux mètres de Bataille - Pour un amour transcendant tout (matériaux : livre de George Bataille Histoire de l'oeil - Edition l'imaginaire - Gallimard, fil rouge en coton, scotch) 2005.

J’ai commencé par m’interroger sur la distance que l’on parcourait lorsqu’on lisait le roman de Georges Bataille, Histoire de l’œil. J’ai découpé le livre, ligne par ligne, j’ai noué chaque fragment avec des nœuds rouges. J’ai enroulé ces cent trente-deux mètres autour de mon corps, je me suis emmaillotée ; je l’ai porté telle une enveloppe, une enveloppe de mots obscènes qui cherchent à atteindre une certaine transcendance, pour toucher autrement au mysticisme. J’ai mis cette seconde peau sur un mannequin, je l’ai allongé : il ressemblait à une relique, une relique de mon propre corps ?
Pour m’imprégner davantage du texte, me fondre avec la démarche spirituelle des scribes ou des moines copistes, j’ai décidé de recopier des livres à la main, parfois ce sont mes propres textes ; j’ai redonné une empreinte charnelle à l’écriture, une certaine sensualité, en réaffirmant l’importance de la matérialité, trop fragilisée.
J’ai conservé le système des bandelettes morcelées et nouées, de cette ligne qui s’enroule telle une spirale, pour former une « Babel de mots », à l’image de la sculpture Premier Testament : le moine en moi (qui est réalisée à partir d’un extrait de la Bible, recopié à la main) ; elle exprime l’importance du retour au texte et à la source, le souhait de supprimer les intermédiaires pour puiser dans le texte d’une manière plus directe et plus profonde. Les sculptures créées à partir de la Bible ainsi que Momie-moi avec cent trente-deux mètres de Bataille font partie de la série «Pour un amour transcendant tout»
 


jeudi 7 juillet 2011

L'amour des mets pour garder mon corps flottant en vie
Sculptures réalisées avec mes tickets de caisse
Ce que j'avale pour garder la divinité de mon corps en vie 
Tickets de caisse (reflétant ce que mange l'auteure), sacs en amidon modifié, fil rouge en coton
Dans la série "Ce que j'avale", j’ai réalisé plusieurs sculptures avec mes tickets de caisse, qui sont les témoins de ce que je mange ; ces créations, qui changent avec le temps (certains tickets pouvant jaunir ou s’effacer partiellement), tendent à rappeler l’importance du corps et de ce qu’on avale, des molécules qui nous constituent, mais elles expriment aussi l’importance de s’intéresser à ce que l’on mange pour «garder la divinité de notre corps en vie».
 Ce que j'avale : garder la divinité de mon corps en vie (détails)

Rester debout : la colonne de St Siméon le stylite (détails)


Exposition à la PPGM (ou presque) du 8 au 21 mai 2011 - Gravures monotypes




 

 



Moi je suis un monolithe, je refuse de courir…
Les autres peuvent bien parcourir le monde, dévitaliser leur âme et ramper aux pieds des boutiques… Aujourd’hui la rébellion s’exprime par le fait de rester stable; Bartleby l’avait bien compris dans le roman de Melville, le stylite Saint Siméon avant lui… Il suffit de dire à ce monde qui bouge de laisser les avions cloués au sol plus souvent, de fermer plus souvent les magasins et les stations d’essence, de travailler moins et de boycotter plus un nombre incalculable de produits pour produire une révolution.
L’art devrait être l’incarnation d’une posture, l’affirmation d’une position en réaction contre notre société, refléter une autre manière de vivre, proposer un autre modèle ; sans cette prétention intellectuelle il n’est qu’un produit parmi les autres, un générateur d’objets pour consommateurs fortunés. L’esthétique du jouet dans l’art contemporain, la tendance manga et tout ce qui épouse la mode permet certes de faire briller Versailles… Mais où est la magie, le mystère, l’ensorcellement de l’art ?
Serait-ce le système qui dicterait les lois de l’esthétique ?

Je suis sur la corde raide, la fragilité de mes créations se régale de ce manque de certitude, de cette recherche empirique jamais rassasiée, toujours en décalage…
J’ai tué l’image, trouvé la beauté, banni le kitsch pour revenir à une certaine sobriété poétique.
J’ai supprimé la représentation mais pas la noblesse du sujet; mes créations sont une ode à la lenteur, à un métier perdu : celui de copiste.
Ces morceaux de textes noués au fil rouge constituent une ligne interminable, cette ligne crée une forme, qui souvent se rapproche de l’enveloppe corporelle, parfois du monolithe. Peut-on lier les deux?
J’ai dépassé le second degré, si rassurant, je me suis réfugiée dans le premier, dans l’authenticité et le jusqu’auboutisme d’une démarche pour retrouver l’aura perdue de nos racines intestines. Mes sculptures sont devenues des stèles, des textes réincarnés ; les corps ont été bandés, emmaillotés, sauvés par cette écriture ?

mercredi 6 juillet 2011

Réincarnation - Photographie couleur (2008) - Sculpture portée : Premier Testament - Le moine en moi (2007)

Elle faisait pousser l’herbe aux gueux, des clématis vitalba, tout autour des bâtiments, arrachait les fleurs, échevelées et argentées, pour préparer des potions qu’elle laissait macérer dans des bouteilles opaques ; elle récupérait le liquide à l’aide d’un vide-bouteille, l’offrait à ses invités une fois par an ; ivres, ils s’embarquaient dans sa danse ; pour le sabbat rassemblés, en douce, ils se laissaient séduire par le désordre de sa chevelure rousse, qui se mélangeait furtivement aux corps en sueur. Les poules étaient lâchées, ils venaient tous pour oublier, pour retrouver son parfum à la vigne blanche, se laisser transporter… Au petit matin elle partait, seule, les laissait tous rentrer ; personne n’a jamais vu son visage le jour. Les hommes, malades, venaient lui rendre visite quotidiennement, au coucher du soleil. Elle recouvrait leurs corps avec des bandelettes de papier interminables, sur lesquelles elle écrivait. Ils retrouvaient ainsi leur origine, le bonheur d’être emmailloté. Á chaque remède correspondait un texte particulier.
Elle plaçait parfois des œufs autour des corps, pour les protéger, les aider à retrouver leur énergie originelle, celle de ce premier cocon ; elle envoûtait les esprits avec ses mots. Tous reconnaissaient ses dons de guérisseuse.
La légende dit aussi qu’elle envoya jusqu’à sa mort des lettres sous forme de phylactères à l’homme qu’elle n’a jamais pu sauver, qu’elle avait aimé ; elle s’entêtait incessamment à le sauver par ce courrier. Elle disait que ces kilomètres de texte sans réponse étaient sa raison d’être.
J’ai passé mon enfance dans cette ferme, j’ai été imprégnée par cette légende.
Nos poules sont rousses, mes cheveux aussi. J’ai regardé les vaches offrir leur pitance quotidiennement dans ce lieu d’histoire, de mémoire, de travail, dans ce lieu étrange, de fabrique pour l’imaginaire.
Un jour, j’ai découvert des visages féminins qui apparaissaient au coin des ombres de mes photographies, j’ai été étonnée de ne pas me reconnaître lorsque je portais mes sculptures, dans ce lieu. Mon corps a pris peu à peu les allures de cette femme, sorcière bienfaitrice, elle revient en moi à travers ma création, revit-elle à travers le souffle haletant de ma respiration ? Je me suis identifiée à cette femme, j’ai trouvé des indices sur sa présence. Ma création fait revivre ses traces, son corps, je tente de trouver un remède au monde grâce à ses formules… Et si ces enveloppes corporelles faites de bandelettes, ces sculptures aériennes, ces sortes de pierres fragilisées, mais dressées quand même, ces formes monolithiques étaient comme des intermédiaires entre toi et notre monde, si c’était ta manière de revenir, ma manière de me trouver, de te retrouver ?

Réincarnation - Photographie couleur (2008) - Sculpture portée : Premier Testament - Le moine en moi (2007)





Réincarnation - Photographie couleur (2008) - Sculpture portée : Premier Testament - Le moine en moi (2007)

lundi 16 mai 2011

Rester debout : la colonne de Saint Siméon le stylite (texte d'Hartmut Gustav Blersch, La colonne au carrefour du monde) (2010)





Relier ma position à la tienne : Bartleby le scribe. Texte recopié à partir du livre de Herman Melvielle, Bartleby le srcibe - 2011




Relier ma position à la tienne : Bartleby le scribe (détails).

Dans la série «Mes héros-in»les textes choisis sont ceux qui s’intéressent à des personnages (historiques ou imaginaires) qui se révoltent à leur manière contre la société dans laquelle ils vivent (des indignés d’un autre temps…), qui s’en détachent, se retirent du monde en amenant les autres, par leurs actions, à se poser des questions : Saint Siméon le stylite qui a vécu pendant trente-sept années au sommet d’une colonne de dix-huit mètres, sur une colline en Syrie, au Vème siècle ; Bartleby le scribe, qui, dans le roman de Melville, se rend sur le lieu de son travail mais décide d’exprimer son choix quant au fait de ne pas effectuer les tâches dictées par son patron, avec une attitude non-violente et déconcertante, en répétant cette phrase, tel un leitmotiv «Je préférerais ne pas…» («I would prefer not to…» ), ou bien encore le personnage de Büchner, Woyzeck, qui s’exclut du monde qui l’entoure par son attitude particulière et sa folie qui le mènera jusqu’au meurtre de sa maîtresse.