vendredi 8 juillet 2011


J’ai commencé par m’interroger sur la distance que l’on parcourait lorsqu’on lisait le roman de Georges Bataille, Histoire de l’œil. J’ai découpé le livre, ligne par ligne, j’ai noué chaque fragment avec des nœuds rouges. J’ai enroulé ces cent trente-deux mètres autour de mon corps, je me suis emmaillotée ; je l’ai porté telle une enveloppe, une enveloppe de mots obscènes qui cherchent à atteindre une certaine transcendance, pour toucher autrement au mysticisme. J’ai mis cette seconde peau sur un mannequin, je l’ai allongé : il ressemblait à une relique, une relique de mon propre corps ?
Pour m’imprégner davantage du texte, me fondre avec la démarche spirituelle des scribes ou des moines copistes, j’ai décidé de recopier des livres à la main, parfois ce sont mes propres textes ; j’ai redonné une empreinte charnelle à l’écriture, une certaine sensualité, en réaffirmant l’importance de la matérialité, trop fragilisée.
J’ai conservé le système des bandelettes morcelées et nouées, de cette ligne qui s’enroule telle une spirale, pour former une « Babel de mots », à l’image de la sculpture Premier Testament : le moine en moi (qui est réalisée à partir d’un extrait de la Bible, recopié à la main) ; elle exprime l’importance du retour au texte et à la source, le souhait de supprimer les intermédiaires pour puiser dans le texte d’une manière plus directe et plus profonde. Les sculptures créées à partir de la Bible ainsi que Momie-moi avec cent trente-deux mètres de Bataille font partie de la série «Pour un amour transcendant tout»