samedi 15 septembre 2012

 
Détails
    
Elles devaient soutenir le béton, elles portent la vie, les dialogues d’un film, 0rdet, retranscrits d’une manière manuscrite ; le scénario prend la forme d’un électrocardiogramme, qui se laisse guider par le cours du film, la longueur aléatoire des répliques détermine la dimension de chaque ligne verticale, le rythme s’accélérant ou ralentissant en fonction des séquences.
Entre la vie et la mort, Inger ne peut être sauvée que par la parole, de celui qui croit sans dire amen à sa religion, de celui qui croit par la force de son ressenti, qui accueille en son corps la parole divine, parce qu’il s’est libéré, du poids de la vie quotidienne, de l’anodin, des paroles prononcées machinalement, des prières répétitives, souillées, sans foi… Á travers quel corps Dieu choisit-il de nous délivrer son message? Le pasteur habite son vêtement comme il porterait une blouse de profession, distribue sa parole comme un maître des images sans consistance, la famille en oublie même de demander au ciel l’évidence : le retour à la vie.
Les mots de Johannes, le fils que l’on dit fou, scient leur quotidien, s’extraient des phrases dites sans conviction : la parole, parce qu’elle implique tout son être, anime son corps et sa manière de se tenir dans ce monde ; parce qu’elle transforme sa posture, elle éclaire, guide, a le pouvoir de provoquer des miracles, interroge.
Les portants métalliques de la sculpture se tiennent à la verticale, dans un équilibre précaire, ils sont en état de rouille et dialoguent avec ce texte, fin, suspendu, qui nous demande :
Qu’est-ce que la foi ?
Va-t-elle mourir ?   
                                                                                          
B.Roffidal
    La voix de Jeanne vaut mieux que tous ces procès d’intention
Papier (le procès de Jeanne d’Arc recopié à la main), scotch, fil rouge et noir en coton, partie supérieure d’un mannequin en métal.
38 cm (longueur) x 1m 49 (hauteur) X 27 cm (largeur)

Les dépositions des personnes qui ont connu Jeanne recouvrent la base de la sculpture, elles forment la première couche. S’y ajoutent les interrogatoires du procès, cousus sur la première bande (enroulée en spirale).
Les réponses de Jeanne, marquées au fil rouge, touchent parfois le sol, ressemblent à des mèches de cheveux tombant en avalanche ; la sculpture se laisse guider par les longueurs aléatoires des questions et des réponses. Cette forme indéterminée, fragmentée et faite par tous ces décrochements, traduit aussi la liberté de Jeanne, de cette parole, insoumise et déterminée.
Comme une réponse aux nombreuses récupérations dont elle fait l’objet - comme si son martyre se poursuivait, nous pourrions répondre : lisez la voix de Jeanne. 
 B.Roffidal