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Elles
devaient soutenir le béton, elles portent la vie, les dialogues d’un
film, 0rdet,
retranscrits d’une manière manuscrite ; le scénario prend la
forme d’un électrocardiogramme, qui se laisse guider par le cours
du film, la longueur aléatoire des répliques détermine la
dimension de chaque ligne verticale, le rythme s’accélérant ou
ralentissant en fonction des séquences.
Entre
la vie et la mort, Inger ne peut être sauvée que par la parole, de
celui qui croit sans dire amen à sa religion, de celui qui croit par
la force de son ressenti, qui accueille en son corps la parole
divine, parce qu’il s’est libéré, du poids de la vie
quotidienne, de l’anodin, des paroles prononcées machinalement,
des prières répétitives, souillées, sans foi… Á travers quel
corps Dieu choisit-il de nous délivrer son message? Le pasteur habite son
vêtement comme il porterait une blouse de profession, distribue sa
parole comme un maître des images sans consistance, la famille en
oublie même de demander au ciel l’évidence : le retour à la
vie.
Les
mots de Johannes, le fils que l’on dit fou, scient leur quotidien,
s’extraient des phrases dites sans conviction : la parole,
parce qu’elle implique tout son être, anime son corps et sa
manière de se tenir dans ce monde ; parce qu’elle transforme
sa posture, elle éclaire, guide, a le pouvoir de provoquer des
miracles, interroge.
Les
portants métalliques de la sculpture se tiennent à la verticale,
dans un équilibre précaire, ils sont en état de rouille et
dialoguent avec ce texte, fin, suspendu, qui nous demande :
Qu’est-ce
que la foi ?
Va-t-elle
mourir ?
B.Roffidal